Au sujet d'Édouard


- Oh! maman! Est-ce que je dois demander à Édouard de venir à l'École du Sabbat avec moi? Tu sais, les garçons ne l'aiment pas du tout, et trouveront bizarre que je le fréquente. Ce n'est pas que je n'aimerais pas qu'il vienne à l'École du Sabbat, non! Mais il vaudrait mieux peut-être que vous l'emmeniez avec vous - et moi j'irai à bicyclette.

La maman regardait son fils pendant la longue explication.

Elle le comprenait parfaitement bien. La maman d'Édouard lui avait confié récemment qu'elle l'avait mis à l'école d'église adventiste parce qu'il avait été renvoyé des autres écoles!

- D'accord, dit-elle, nous emmènerons Édouard. Mais je te demande, Roger, de faire tout ton possible, honnêtement, pour essayer de découvrir chez ton camarade un beau trait de caractère.

- Il n'y a rien de beau chez lui, je peux te l'assurer, grogna Roger. Les garçons disent qu'il gâte toujours tout.

Assez démoralisé, il enfourcha sa bicyclette et partit. Quand Édouard vint prendre place à côté de Roger, dans la classe de l'École du Sabbat, certains garçons ricanèrent. Comme c'était prévu, Édouard causa quelque trouble par son bavardage et ses questions. On se rendait pourtant compte qu'il était content d'être là.

Les semaines passèrent, et les compagnons d'Édouard se plaignaient toujours de lui, mais Roger apprit à le connaître mieux. Un jour, ils se querellèrent tous deux, et Édouard retourna chez lui en déclarant qu'il ne viendrait plus jamais jouer. Pourtant, peu de temps après, il était de retour, son visage éclairé d'un large sourire.

- Roger, dit-il, j'aime bien jouer avec toi. Je sais que j'ai mauvais caractère parce que maman me l'a dit. J'ai été stupide tout à l'heure.

Roger se trouva si surpris qu'il ne sut rien répondre. Il ne se souvenait pas qu'aucun de ses camarades n’ait jamais eu le courage de lui faire des excuses. Les deux garçons jouirent énormément du reste de l'après-midi.

Le soir, pendant le repas, Roger dit à sa mère:

- Eh bien, j'ai découvert quelque chose au sujet d'Édouard. Ses parents dressèrent l'oreille, très intéressés.

- Oui, j'ai découvert qu'il sait venir s'excuser quand c'est nécessaire. Je crois qu'il voudrait gagner notre amitié à tous. Nous avons tous quelque chose à apprendre de lui dans ce sens.

- Nous sommes bien heureux de t'entendre, dit le père. Tu vois, il y a quelque chose de bon dans chacun d'entre nous, et c'est beaucoup plus noble de rechercher ce sujet de louange que de critiquer constamment, car la critique n'a, au fond, jamais rien amélioré.