Pourquoi Tado obéit


Tado était un gentil petit garçon japonais. Il vivait avec son grand-père sur le flanc d'une montagne.

Tout autour de leur maison s'étendaient des champs de riz. Les gens du village venaient chaque jour travailler dans ces champs. Et Tado les aidait.

Il n'avait que cinq ans, le petit Tado, mais il savait que le riz est extrêmement précieux pour tous les Japonais. Bien des fois son grand-père lui avait dit: « Ces champs de riz sont notre nourriture. S'il leur arrivait malheur, nous mourrions de faim. »

Tado ne voulait pas mourir de faim! Aussi comme il était content de voir le riz pousser et commencer à jaunir à mesure qu'approchait le temps de la moisson.

Un jour, une chose arriva qui effraya énormément Tado. Lui et son grand-père étaient seuls dans les champs, courbés sur leur travail. À un moment donné, le grand-père se redressa pour reposer son pauvre dos et, machinalement, regarda au loin vers la mer. Alors il devint tout pâle et dit à Tado:

- Cours, va à la maison, et rapporte-moi deux tisons!

Sans poser de questions, l'enfant courut et le moment d'après revenait avec deux branchettes enflammées. Le grand-père les prit et les jeta dans les champs de riz. Tado se mit alors à sangloter, car le riz, le précieux riz qui jaunissait commençait à flamber avec une rapidité effrayante!

- Grand-père, grand-père, tu brûles notre riz, nous allons mourir de faim!

- Va m'en chercher encore un! dit-il.

Tado pensa à Jésus, qui obéissait toujours! Il apporta donc un autre tison, et un autre champ s'embrasa. Bientôt une épaisse fumée noire montait vers le ciel, et d'en bas, comme des fourmis affolées, les gens commencèrent à grimper vers eux. Hommes, femmes, enfants, tous montaient vers l'incompréhensible désastre! Le premier arrivé demanda au grand-père en roulant des yeux terribles:

- Que s'est-il passé? Réponds! Qui a incendié notre riz?

- C'est moi, dit calmement le grand-père.

- Pourquoi, pourquoi, mais pourquoi donc?

Le grand-père étendit alors la main en direction de la mer, et chacun se retourna. Une énorme vague avançait vers le rivage, si grosse, si effrayante que chacun resta à la regarder, bouche ouverte. La vague déferla sur le flanc de la montagne, elle engloutit tout le village, et pour ne pas la voir les femmes enfouirent leur visage dans leurs mains. Le flot s'arrêta un peu au-dessous d'eux. Puis il commença à se retirer, mais quelles ruines il laissait derrière lui! Qu'importe! les huttes de bambou se rebâtiraient, de nouveau les champs seraient ensemencés, et s'il fallait un hiver souffrir de la faim, on pouvait être heureux d'avoir la vie sauve.

Chacun comprenait maintenant le pourquoi de cet incendie criminel: il fallait que tous les villageois montent à l'abri du raz de marée. On remerciait, on félicitait le grand-père. Et lui, plaçant sa main ridée sur l'épaule de Tado disait:

- Je n'aurais rien pu faire si je n'avais pas eu mon petit-fils.

C'est lui qui a obéi, sans discuter, et en pleurant, parce qu'il n'y comprenait rien! Je n'avais pas le temps de lui expliquer!

Ah! Tado était heureux! Mais on est toujours heureux quand on obéit, comme Jésus.