Docteur sorcier, ou serviteur de Jésus?


Otali était vraiment fatigué de mener jour après jour le bétail depuis le village jusqu'à la pâture. Il était fatigué de surveiller les bêtes aux longues cornes qui paissaient, puis se couchaient pour ruminer. Un jour il dit très haut à son troupeau de vaches bornées:

- Demain, j'amènerai mon frère. Je lui apprendrai à garder le bétail. Et puis je m'en irai. Je vais quitter le village, pour aller chez mon oncle.

L'oncle d'Otali vivait à plusieurs kilomètres de là. C'était un homme très important, le sorcier de son village. Otali désirait aussi devenir sorcier. Sans doute son oncle lui apprendrait-il ses secrets.

Le jour suivant, Otali remit à son frère le long bâton recourbé avec lequel il gardait le troupeau. Puis il lui montra où il faut mener boire les vaches, de sorte qu'au bout de trois jours il put se mettre en route pour rejoindre son oncle.

- Otali, pourquoi as-tu abandonné nos bêtes, espèce de paresseux? cria son père.

- Otali, il y a beaucoup de travail au jardin. Si tu en as fini avec le troupeau, viens donc m'aider à bêcher, cria sa belle-mère. Car la maman d'Otali était morte à la naissance du petit frère, et, depuis ce temps, il avait entendu prononcer bien peu de paroles affectueuses. Il voulait partir. De sorte qu'il courut, comme s'il n'entendait pas les appels. Oui, oui, le mieux était de devenir un grand médecin-sorcier, comme son oncle!

Le soleil devenait de plus en plus chaud tandis que le garçon se hâtait sur le sentier. Au bord d'un petit ruisseau, il but et se rafraîchit le corps. Puis il s'assit à l'ombre d'un arbre, attendant que la terrible chaleur du jour soit passée. Bientôt sa tête se mit à dodeliner, ses yeux se fermèrent et il s'endormit.

Il s'éveilla en criant. Mais qu'arrivait-il donc? Il ressentait au-dessous de son genou une douleur grandissante. Regardant attentivement, il découvrit trois petits trous presque invisibles, la morsure d'un serpent!

Il était terrifié! Périrait-il ainsi, au bord de la route? Que faire? Si seulement son oncle, le médecin-sorcier, était près de lui! Son estomac lui faisait mal. Il y porta la main et sentit le collier de perles de bois qui devaient écarter de lui tout mal. Ah bien oui! Quelle protection! Il frotta sa jambe. Déjà elle commençait à enfler. « Il me faut de l'aide, pensa-t-il, il me faut de l'aide! » Il se traînait maintenant sur la route, en proie à une angoisse terrible. Sa jambe lui faisait de plus en plus mal.

- Encore combien de temps jusqu'à ce que j'arrive? Oh! que j'ai mal, que j'ai mal!

Il entendit alors le bruit d'un camion. Ce bruit approchait de plus en plus. Il se rangea sur le bord de la route, et le camion passa devant lui. À l'arrière se trouvaient des garçons de son âge, et d'autres plus âgés. Ils crièrent à Otali: « Monte donc! » Le camion ralentit, et, avec l'aide des garçons, Otali grimpa. Qu'ils étaient joyeux, tous. Ils retournaient à l'école de la mission après une période de vacances. Mais Otali était trop malade pour partager leur gaieté. Il resta tranquille dans son coin et les garçons l'oublièrent. Fiévreux, il s'assoupit.

Quand le camion arriva à la mission, les garçons sortirent en se bousculant. Puis ils remarquèrent le garçon évanoui dans son coin et avec beaucoup de précautions le portèrent à l'infirmerie. Il était brûlant de fièvre et toute sa jambe était enflée.

Le jeune infirmier l'examina soigneusement. Puis il découvrit les traces de la morsure et secoua tristement la tête.

- C'est trop tard, dit-il. Je ne puis plus rien faire.

- Ah! mais le grand Docteur que nous servons peut quelque chose dirent les garçons qui avaient amené le petit malade. Prions-le.

Ils s'agenouillèrent et demandèrent à Dieu de sauver la vie d'Otali afin qu'il puisse apprendre à connaître Jésus. Puis ils firent tout ce qu'ils pouvaient pour aider le garçon. L'infirmier lui injecta du sérum. Il enveloppa la jambe de compresses chaudes, puis froides. Et les garçons priaient toujours pour Otali.

Pendant trois jours, le cas sembla désespéré. Otali ne sortait pas de son inconscience. Puis, enfin, il ouvrit les yeux, et parla.

- Je veux aller chez mon oncle, dit-il.

- Où est ton oncle? demanda l'infirmier.

- Mon oncle est le grand médecin-sorcier du village de Nkwazi, dit l'enfant faiblement. Moi aussi, je voudrais devenir un grand docteur!

- Ah, ah! répondirent les garçons. Celui qui t'a guéri t'appelle aussi à son service.

- De qui parlez-vous? Je ne comprends pas. Qui m'a guéri?

Qui m'appelle à son service?

Alors ses nouveaux amis racontèrent à Otali l'histoire de Jésus.

Il n'en perdit pas un mot. Chaque jour il reprenait des forces. Chaque jour il en apprenait davantage sur le grand Médecin qui l'avait guéri. Irait-il vraiment chez son oncle? Jésus était peut-être un plus grand docteur!

Enfin Otali fut entièrement rétabli. Mais il ne se rendit pas chez son oncle sorcier. Il resta à l'école de la mission. Maintenant, c'est un serviteur du Christ. Dans le village on l'appelle: « Celui qui aide Jésus ».